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C’est donc un projet exploratoire qui vise à déployer un espace 
propre, une modalité spécifique d’espace ou d’occupation de l’espace 
d’où peut émerger, comme c’est le cas ici, la proposition d’un nouveau 
format de portrait où la représentation, perturbée dans ses habitudes, 
oscille sans cesse d’une dimension à l’autre. 
Il ne tient qu’à vous de laisser votre regard dériver : bienvenue dans 
l’interdimensionnalité. 

Le dispositif, résultat de la collaboration entre un photographe et 
un philosophe, repose sur l’ambition de faire percevoir de nouvelles 
dimensions, en quelque sorte de créer un univers. Cette exploration 
d’un nouveau format de portrait a littéralement pris corps grâce à 
deux artistes qui s’expriment dans le domaine du spectacle et de la 
scène, actives par le corps et la voix : Carolyn Carlson (danseuse et 
chorégraphe) et Barbara Hannigan (soprano), qui ont accepté d’être les 
partenaires artistiques du projet. 

« Êtres interdimensionnels » livre au regard la corporéité 
réinterprétée de ces deux artistes. Dans une salle, le corps de 
Carolyn Carlson saisi simultanément de 5 points de vue différents par 
9 appareils numériques voisine avec le portrait en pied de Barbara 
Hannigan capté selon le même protocole. Cette expérimentation autour 
du portrait donne en fait à voir et à partager une expérience. Il 
s’agit d’une performance capturée : celle, corporelle et expressive, 
du geste de Carolyn Carlson, celle, provocatrice et physique, de 
l’émotion de Barbara Hannigan, et celle déployée par la photographie 
elle-même. Ainsi, s’instaure par cette installation un dialogue où 
l’attitude de la chorégraphe trouve un écho dans l’énergie de la 
soprano, échange qui s’inscrit dans l’interdimensionnalité révélée par 
l’acte photographique. 

Dominique Quessada L’EXPOSITION


Il y a la dimension 2, et il y a la dimension 3. Le plat et le volume. 
Nous avons l’habitude de concevoir les formes selon des modalités 
qui semblent s’exclure : soit une chose appartient au registre de 
la longueur et de la largeur, soit elle s’inscrit dans le domaine 
tridimensionnel. Ce qui est l’un ne saurait être l’autre. 
Pourtant, si on la sort de l’abstraction par laquelle elle est 
usuellement cernée, une image, qu’elle soit photographie ou peinture, 
par sa matérialité même, n’est pas dépourvue d’épaisseur. De même, 
une sculpture n’est pas dénuée de plat. L’histoire de l’art recèle 
quelques ponts enjambant, avec l’intention de le réduire, le gouffre 
dimensionnel qui sépare le monde plat et celui doté de volumes. Le 
cubisme a exploré cette « épaisseur du plat », en introduisant la 
multiplicité des points de vue cohabitant dans la représentation 
bidimensionnelle. De leur côté, des sculpteurs ont cherché la limite 
du volume, pour en faire apparaître la platitude, ou pour le faire 
disparaître avec l’essai d’une résorption de la dimension volumique 
dans l’immatérialité du trait (Giacometti, notamment, cherchant à 
produire une sculpture dématérialisée par sa propre idée). 
Nous voulons tenter de faire cohabiter dans un même objet les deux 
bords de ces deux mondes, disjoints par l’usage autant que par la 
convention perceptive. Mais, au lieu de frêles passerelles, « Êtres 
interdimensionnels » entend poser du tissu conjonctif qui établisse un 
lien, donc une continuité forte – non plus un simple passage, mais une 
inséparation – entre l’un et l’autre. 

Chaque objet présenté dans cette exposition tient en même temps 
du plat autant que du volume – de l’image, donc, autant que de la 
sculpture : un objet impur. Il s’agit à travers ces propositions 
de donner à voir, à ressentir autant qu’à comprendre, une nouvelle 
dimension, située entre le trait et le volume, quelque part entre 
la deuxième et la troisième dimension. Il est question de créer un 
objet intermédiaire dont la dimension varie avec le regard qui le 
capte, et se balade quelque part entre le 2 et le 3 : 2,15, 2,44, 
2,76, 2,81, etc. Nous voulons naviguer dans l’infinité des dimensions 
intermédiaires existant entre le 2 et le 3. Il y en existe autant que 
votre esprit peut en imaginer. 






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